Zabou the terrible

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vendredi, novembre 13 2020

In'spi ?

En ces temps troublés, il m'est venu une petite idée... à découvrir par ici https://www.podcastics.com/episode/40962/link/ 

Ou à lire ci-dessous mais ce serait dommage ! 

https://medias.podcastics.com/podcastics/episodes/1505/artwork/inspi-inspire-inspire-inspi.jpg.ccf0b00f6a46cc7ca0b411c0fb58860c.jpg

In’spi / inspiré / inspire ? 

            Je ne sais pas vous, amis confinés, mais ce qui est dur, en temps de confinement, c’est souvent lié à notre incarnation : réduction drastique des contacts personnels en dehors du travail, plus d’amicales tapes encourageantes, plus de bises depuis mars seulement des coudes vaguement effleurés, peu de rires échangés autour de verres qui trinquent à l’amitié l’amour la joie, et simplement quelques Zoomapéro qui ne nous permettent plus d’éprouver pleinement notre présence les uns les autres même si nous nous devinons dans une silhouette pixélisée où même le son de notre voix apparaît souvent quelque peu cassé, métallique. 

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dimanche, octobre 25 2020

Et demain

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Demain (ou presque), ce sera le lundi de la rentrée et il faudra retourner faire cours ; 

Demain, il y aura la joie de les retrouver mais, à cette idée, j’ai dans le même temps déjà le cœur serré : entre notre « au revoir » des vacances et notre « bonjour » joyeux de demain, il y aura eu un homme, un professeur, un collègue, qui aura été tué parce qu’il aura enseigné, parce qu’il aura cherché à faire goûter et éprouver la liberté et ses conséquences ; 

Demain, il faudra « en » parler avec eux : il y aura des réactions superbes d’humanité, de recul, de réflexion qui m’épateront pour leur jeune âge…

… Mais demain, je sais que, parmi eux, il y aura aussi de l’insouciance ou des réactions intolérables qui pourront aller jusqu’au « madame, il l’a cherché quand même » ; 

Demain, je sais qu’à côté de tout « cadrage » ministériel, sur le terrain, je me prendrai quelques directs du droit dans la poitrine à entendre ces réactions, le plus souvent même pas réfléchies, et il faudra parler, expliquer, encore, sans me laisser abattre mais en croyant et en espérant toujours plus, en eux et en ma mission ; 

 

Demain, comment réussirai-je à leur en parler ? 

Demain, mes mots seront bien trop pauvres... 

Pourtant, demain, il faudra sans doute surmonter mon haut-le-coeur de dégoût devant ces réactions insupportables et expliquer que, oui, une caricature, cela peut choquer, c’est même parfois fait exprès pour nous faire réagir ; 

Demain, je redirai que l’école c’est fait aussi pour s’ouvrir à l’altérité, que tout ne leur plaira jamais dans ce que nous étudions et plus largement que c’est également ainsi, au contact de la manière de penser d’autrui, en s’y confrontant, que l’on grandit mais que jamais nous ne leur imposerons une unique manière de voir : il en va de leur liberté ; 

Demain, j’aurai à réaffirmer que c’est pour cela aussi que nous travaillons le français et l’argumentation : pour pouvoir dire clairement ce qui nous choque et réfuter, et contrer celui qui s’érige en adversaire ;

Demain, ce sera vraiment dur, je le sais déjà, mais j’aurai, derrière des caricatures qui ne servent que de paravents à de nombreux autres problèmes, à réaffirmer que la langue est le meilleur des outils et la plus puissante des réponses civilisées quand nous nous sentons offensés, et que cela, nous voudrions toujours plus la leur offrir.  

 

Et demain, en réalité, ce sera dans une semaine, mais c’est comme si c’était déjà demain et, malgré toute ma peur, malgré toute la lourdeur de la situation et ma tristesse profonde, je sais que ce jour-là, je serai au cœur de ce qui fait l’éducation et le métier de professeur. 

Et j’en serai fière, malgré tout. 

 

P.S. : Les chrétiens commémorent le 2 novembre les fidèles défunts… l’occasion parfaite d’une prière pour Samuel Paty ! Mais, si vous me lisez et êtes croyant, n’hésitez pas aussi à prier pour tous les enseignants ce jour-là qui monteront sur le ring.  

 

 

mercredi, septembre 2 2020

Vous avez dit bénédiction ?

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            C’est drôle : plusieurs fois au cours de ces dernières semaines, j’ai parlé avec d’autres personnes de « bénédictions ». Dimanche, c’était plutôt suite à une discussion plus musclée autour d’une bénédiction des cartables sur Twitter. Alors, sachez-le : je suis très pro-bénédictions et je ne parle pas que de la bénédiction finale à la messe ! Non, je parle ici de toutes celles qui existent en plus : bénédiction du pèlerin, d’une habitation, d’une voiture ou des cartables par exemple, ou d'autres encore ! 

 

            Cela fait-il de moi pour autant une animiste ou quelqu’un aimant une certaine magie féérique ? Je ne le crois pas. On pourrait répondre en travaillant l’histoire et la portée théologique de ce qu’est une bénédiction : je le ferai bien plus humblement, en précisant simplement ce qui fait que je les aime. Certains vont me dire de m’arrêter, qu’ils me voient venir et que je vais défendre la piété populaire. Cela pourrait être vrai d’une part mais ce n’est pas cela qui fait que j’aime les bénédictions. 

 

            L’étymologie de bénédiction, vous connaissez ? Cela vient de bene et de dicere, dire du bien… Et je fais partie de ces personnes qui pensent que dire du bien, non seulement ça ne fait pas de mal, mais surtout cela fait sacrément du bien sans mauvais jeu de mots ! Dans notre tendance à voir le mal, c’est comme annoncer et prononcer l’irruption du bien. C’est encore plus fort s’il s’agit de dire du bien de la part de Dieu sur une personne, évidemment, comme c’est le cas ici. Prier, de fait, c’est aussi croire à la mystérieuse fécondité des mots qui sont dits, que cela soit à voix haute ou dans le secret de notre cœur. 

 

            Mais quid d’un objet alors ? Il se conçoit aussi en relation avec la personne : en fait, ce qui est important pour moi, dans une bénédiction, sans doute plus que tout, c’est qu’il s’agit de « mettre Dieu dans le coup ». De poser, par un acte, que nous voulons nous mettre, dans ce lieu, dans les actions que nous ferons avec tel objet, sous la protection du Seigneur et Lui demander Sa grâce ! Et, ensuite, que nous voulons agir avec Lui et pour Lui. Rien d’anodin mais au contraire, c’est très fort et cela nous engage pour la suite à chercher à vivre en conséquence ! 

 

Ainsi, ce n’est pas parce que mon sac à dos a été béni lors de la bénédiction des cartables que mon stylo rouge qui était glissé à l'intérieur dans ma trousse corrigera mieux : mais c’est dans la mouvance de la bénédiction de Dieu que je désire vivre mon année de prof, lui demandant humblement sa grâce de m’en servir au mieux ! Peut-être que, dans le fond, c’est aussi pour que mon stylo rouge devienne à son tour instrument de bénédiction plutôt que de malédiction… peut-être ? 

 

jeudi, août 27 2020

Une rentrée en temps de Covid

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            A quelques jours de la rentrée, ça chauffe : il y a les inquiets les confiants et puis, surtout, ceux qui ont une bonne idée de ce qu’il va se passer. Comme si on savait vraiment comment cette rentrée allait se passer : ce qu’on ne peut pas nier, vu l’absence de normes précises et, surtout d’adaptations locales (qui auraient peut-être été les plus efficaces à travailler ?), c’est que cette rentrée est à risque, pour chacun. 

 

            Lundi, nous nous retrouverons entre profs et mardi nous accueillerons nos élèves. Outre les normes, il y a toute cette part éducative dont on ne parle quasiment jamais, préférant se gausser des profs qui appréhendent le port des masques toute la journée et leur petite nature mais ce n’est pas tout de porter des masques : il va falloir faire connaissance avec des masques, devoir inventer d’autres moyens de « prendre la température » (non, pas la température frontale !) des élèves à leur entrée en classe pour voir ceux qui ont le moral en carafe ou qui arrivent énervés, porteurs des 1000 soucis de l’extérieur, devoir pousser la voix, certes, mais surtout réussir en éducation prioritaire à faire respecter en plus des autres règles le port du masque, le tout dans des espaces très restreints et dans l’ensemble vétustes. Quand on est de l’extérieur, cela peut sembler peu de choses mais en réalité cela va modifier notre travail éducatif. 

 

            Pour autant, je pense évidemment que ce port du masque en intérieur est une bonne chose pour essayer de protéger, au mieux, même si je crains que cela soit insuffisant, qu’on en mesure mal toutes les conséquences pratiques et que cela soit difficile à faire respecter par les plus remuants. Mais, si la rentrée est toujours pleine d’incertitudes parce qu’elle est porteuse de nouveautés, de nouveaux élèves et de changements divers, celle-ci l’est encore plus. 

 

Il y aura encore plus à se confier au meilleur éducateur qui soit, à Celui qui sait porter un regard vrai sur chacun, à Celui qui pousse à grandir chacun dans ce pour quoi il est fait sans le souhaiter ailleurs, à Celui qui sait voir, au-delà des apparences masquées, les cœurs. Alors, Seigneur, viens au secours des profs qui auront besoin de Ton regard pour s’appuyer sur de simples regards quand il feront leurs cours !

 

 

dimanche, août 9 2020

Dimanche caniculaire de tempête

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Dans les textes du jour, des éléments déchaînés, que cela soit pour Elie ou pour Pierre : deux tempêtes, bien différentes de nos conditions climatiques actuelles. 

 

La scène avec le prophète est connue : ce n’est ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, bref, pas dans la tempête qu’est le Seigneur mais bien dans le murmure d’une brise légère. 

 

Pour Pierre, c’est tout l’inverse : il est pris dans la tempête, ne reconnaissant plus son Seigneur, perdant pied aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Mais il ose se tourner vers Lui d’un cœur plein de foi : « Seigneur, sauve-moi ! ». Et le Seigneur est là, et le Seigneur le sauve. 

 

Et si le Seigneur n’était pas uniquement présent dans la brise légère mais aussi dans l’ouragan ? 

Seulement, Il n’est pas la tempête qui ébranle notre vie tandis qu’Il est bien la brise légère qui vivifie notre existence et affine notre être tout entier face aux vicissitudes de la vie. Il n’est pas Lui-même la tempête mais Il y est aussi présent, comme dans tous les séismes ou incendies de nos vies. 

Il y a alors non pas à espérer immédiatement le redoux de la bise, le ressac du flot qui submerge, mais il y a à crier vers Lui qui nous accompagne pour les traverser. 

Il est là : Il ne se donne probablement pas à reconnaître de prime abord car Il ne saurait être le visage du mal et de la violence mais Il est présent au cœur de celle-ci à qui ose le pas de la foi sur les flots tourmentés. 

 

Textes de la messe du jour

mercredi, juillet 1 2020

Ablutions hydro alcooliques

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            Depuis la reprise des messes avec assemblée, je suis la personne qui fait souvent « pschitt pschitt » aux messes de semaine, comprenez la personne qui lave les mains des paroissiens avec du gel hydroalcoolique. Forcément, ce geste n’a pas été sans me faire me demander quel sens on pourrait lui donner, au-delà de la simple norme sanitaire. 

 

            J’ai d’abord pensé au lavement des pieds mais pas la même classe que Jésus qui y révèle tout entier ce que nous sommes appelés à faire : être aux pieds de nos frères pour les aimer et les servir. Mais là, ce n’est pas franchement cela qui est en jeu. 

 

Ensuite, j’ai pensé à la pécheresse chez Simon (Lc 7, 36-50). « Toi, tu n’as pas lavé mes pieds » s’exclame Jésus à Simon le Pharisien en comparaison de la femme pécheresse jugée avec mépris par celui-ci qui non contente de laver les pieds de Jésus, les essuie avec ses cheveux et les embrasse. Geste d’hospitalité que de laver les pieds après une longue marche dans la poussière du chemin… qui est en plus allé pour la femme jusqu’à ce geste d’amour. Mais y a-t-il mesure dans l’amour ? Sans aller jusque-là, celui qui vient à la messe ne pose-t-il pas un acte de foi, cette foi qui sauve la pécheresse pardonnée ?

 

            Dans une période plus récente, ce sont les mains qui ont été / sont lavées en signe d’hospitalité, bien au-delà d’une simple contrainte sanitaire : dans de nombreux monastères bénédictins, le père abbé lave les mains aux hôtes en signe d’accueil au réfectoire. Il faut dire que la règle demande d’accueillir chaque hôte comme le Christ lui-même, ce qui n’est pas rien ! Dans des traditions plus orientales, on lave les mains aux hôtes : certes parce qu’elles serviront à manger, certes pour purifier mais c’est aussi un vrai acte d’accueil et d’hospitalité. Je garde un souvenir ému de ce geste presque ritualisé qui était parfois fait par certaines familles au Maroc : il y a quelque chose de très touchant à se laisser laver les mains. 

 

Bien sûr, nos ablutions au gel hydroalcoolique n’ont pas tout à fait la même saveur. Et pourtant, et si les normes sanitaires étaient un appel profond, pour chacun, à renouveler notre accueil en Église, et à être capable de voir dans mon frère le Christ qui se rend présent ? Sois le bienvenu, toi/Toi qui te rends chez toi/Toi !

 

lundi, mai 18 2020

Poème pré-papal Désert de Judée

Aujourd'hui, Jean-Paul II aurait eu 100 ans. Je vous propose ici en guise d'anniversaire l'un de ses poèmes avant qu'il ne soit pape écrit sur les lieux saints, ici celui intitulé "Le désert de Judée" pour la méditation qu'il propose sur la terre et sur Dieu, que vous pouvez retrouver dans l'édition Poèmes - théâtre - Ecrits sur le théâtre, éd. Cana - Cerf.  

 Le désert de Judée 

Difficile de dire à cette terre : "Tu es belle !",
 les pierres fauves rouillent les coteaux
qui épousent la pente des nuages.
Les autos fendent l'air et la pluie. Pas question
de chercher trace de verdure.
Les hommes sont partis au loin. On ne peut vivre ici.
Ce lieu, la route n'y mène pas. Elle le fuit.
Ici Tu es venu, pourtant,
Non pas pour dire à cette terre : "Tu es belle !"
Le lieu était indifférent. Tu cherches partout les hommes.

Pour les chercher partout, 
il Te fallait t'arrêter en un lieu.
Tu as choisi celui-ci.
Toute la terre vient à cette Terre unique, et par elle
devient terre, de même que toute chose
ne devient ce qu'elle est que par
CELUI QUI EST.

Il n'y eut pas de rencontre entre Celui qui Est et la terre. 
Tout ce qui advint,
nous l'appelons création,
possession en propre, comme on possède une chose,
maintien dans l'existence.
Se rencontrer, cela veut dire
non seulement toucher (car rien ne Te touche)
non seulement être face à face
(y a-t-il rien qui puisse être face à Celui qui est ?)
cela veut dire aussi dépendre
(à quel point ! du début de l'existence au néant,
de l'existence à l'anéantissement)

Ainsi étais-tu dépendante, Terre, 


toi, une entre des terres nombreuses
- ensemble avec toute la terre
avec tout ce qui est -
Ainsi étais-tu dépendante et toujours tu l'es
Terre de rencontre ! Terre unique ! Terre, par qui
toute la terre est devenue terre,
comme toute chose est devenue ce qu'elle est
par Celui qui Est
mais je ne peux te dire : "Tu es belle".

La rencontre peut signifie le début de la séparation. 
Terre, grâce à Toi, nous ne sommes jamais séparés de Celui qui Est, jamais nous ne nous séparerons de Lui, - même si Tu cessais d'être Terre, même si tu Te désagrégeais en résidus de Toi.
Il n'y a pas de séparation après la naissance - "se séparer" - qui peut mettre un terme à tout "se rencontrer" - ne peut mettre un terme à la naissance. La naissance ne connaît pas de terme, elle ne connaît pas la séparation.
Terre, Terre non née ! Terre, où Celui qui Est nous est devenu Père. Tu t'es épuisée à notre naissance. Il n'est resté en toi nulle trace de fraîcheur ni de beauté.
- Mais même jeune, tu n'étais pas attrayante - tu n'avais que de plaisants recoins.

Karol Wojtyla

dimanche, avril 12 2020

Belle fête de Pâques 2020 !

https://tse2.mm.bing.net/th?id=OIP.zjxdD1DnrKhM0gsEHoMxPwHaKJ&pid=Api

Joyeuse fête de Pâques à chacun ! 
Christ est ressuscité ! 


Que la lumière de cette fête vienne vous éclairer, même à l'intérieur de ce confinement qui, pour certains, est, je le sais, sombre de nuit ; 

Qu'elle irradie à travers toutes ces étincelles du quotidien, même quelque peu cachées, qu'elle vous aide à les repérer ; 

qu'elle resplendisse pour chacun parmi vous, pour ceux qui croient au ciel comme pour ceux qui n'y croient pas ! 

vendredi, avril 10 2020

La croix, une histoire de chair

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Corps du Christ qui touche le corps des disciples en leurs pieds, 

Contact entre la chair de Celui qui sauve mais s’abaisse tel un esclave et celle de pauvres pécheurs, entraînés à « faire de même » : mais oseront-ils, oserons-nous, aller jusque-là, jusqu’au bout comme Il l’a fait ? 

 

Chair tirée, emmenée de force, du Christ lors de Son arrestation malgré sa douceur, 

Chair emprisonnée, 

Chair moquée, 

Chair frappée, 

Chair flagellée, 

Chair humiliée, 

Chair trop faible pour porter le fardeau, 

Chair assoiffée, 

Chair crucifiée, 

Chair sanglante, 

Chair asphyxiée,

Chair morte, 

Chair au tombeau 

 

Tellement de liens avec aujourd’hui…

Et un appel à contempler le corps du Christ en croix pour notre monde et notre temps : 

Il est là dans toutes les nuits de l’homme ; 

Il vient là dans nos souffrances ;

Il vient là, jusque dans la béance absurde de la mort. 

 

jeudi, avril 9 2020

De la foule à la relation personnelle

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            Depuis la célébration des Rameaux, nous sommes donc entrés dans cette grande semaine entre toutes. Lors de la messe de dimanche, nous avons comme un condensé de ce que nous vivons pas à pas à la suite du Christ le reste de la semaine. 

 

            Ce qui m’a frappée, c’est le rôle de la foule à côté de celui des personnes individuelles. On connaît la versatilité si féroce de la première, passant en un rien de temps de l’Hosanna triomphal au si cruel « crucifie-le ! » mais, aux moment-clés, celle-ci disparaît et l’Evangile nous narre autant de réactions différentes de personnages singuliers. Une foule hurle, un personnage parle, murmure, trahit, questionne, se tait, s’endort. 

 

            Autant d’histoires personnelles avec le Seigneur qui se trouvent impactées par ce qu’Il vit et il est simple de nous retrouver parfois dans un tel, parfois dans tel autre. Mais il y en a qui sont là jusqu’au bout : ceux qui restent auprès de Lui sont ceux qui ont noué une relation personnelle avec Lui, profondément aimante, qui n’a même plus forcément besoin de mots. Il ne s’agit pas seulement d’être prêt à tout pour Lui car, même là, on pourrait le trahir d’une annonce sans suite, d’un retournement de notre part ou d’un sommeil profond. « Serait-ce moi ? ». Cette question est terrible, elle nous concerne tous, avec notre poids de péché… mais nous savons avant tout, qu’avec Lui, à Son école, comme st Jean et les saintes femmes, il s’agit, sans doute plus que d’annonces et de grands mots, d’être là, de se taire et d’aimer. 

 

            Cette intimité aimante a sans doute à se faire plus grande encore en ce temps de confinement – où la foule disparaît pour faire place à notre cercle familial proche ou à la solitude : pas de rassemblement pour nous porter, nous emporter ou au contraire nous détourner ! – de la part de ceux qui le peuvent pour ceux qui ne le peuvent pas et pour présenter devant Lui, avec Amour, les plaies de nos frères qui sont aussi les Siens, les hommes. 

samedi, avril 4 2020

Du Carême imaginaire au carême réel, vers la Semaine Sainte

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            Je vois encore tous ces chrétiens, le mercredi des Cendres, sur les starting-blocks, prêts à prendre le départ du Carême. Certains avec des grands objectifs, d’autres avec des plus modestes mais tous disposés à saisir ce temps opportun pour se rapprocher, un peu mieux, du Seigneur, même au sein des cahots de la vie. 

 

Comme chaque année, le temps vient éprouver les décisions du premier jour mais, ce qui compte, c’est de vivre tout de même cette fidélité, non pas tant dans une rigidité à faire mal, mais bien dans celle de ce mouvement de conversion qui nous pousse à avancer, chaque jour un peu mieux. 

 

            Et puis est venu ce drame de notre humanité : une pandémie mondiale. De l’incertitude, de l’angoisse suivies d’un confinement, et tout s’est trouvé brouillé soudain : plus les mêmes repères du quotidien. Comment poursuivre le Carême dans ces conditions ? 

 

            Il y a ce malade, professionnel habituellement suractif, qui s’est retrouvé à vivre un Carême qu’il n’avait pas choisi, souffrant, alité : ne pouvant plus être actif, même guéri, simplement malade confiné, devant consentir à cette forme de passivité. 

            Il y a cette famille vivant dans un espace trop resserré, devant se découvrir autrement, inventer une manière d’être ensemble tout en cherchant un semblant d’intimité, en apprenant à se dire encore plus « pardon ». 

            Il y a cette famille débordée par le télétravail, l’école des enfants… plus un moment à soi. La prière devient comme un instant dérobé aux flots tempétueux du quotidien. 

            Il y a ces familles éprouvées par l’hospitalisation ou le décès d’un proche, qui souffrent de ne pouvoir l’accompagner, qui vivent l’angoisse et la souffrance, sans avoir le réconfort de la partager autrement que par des écrans, et encore.

            Il y a ces personnes âgées isolées qui crèvent de leur solitude, sans personne pour les serrer dans leurs bras, pour leur dire combien ils sont précieux et aimés, malgré leur grand âge. 

            Il y a chacun de nous, vivant tant bien que mal ce temps, même dans une recherche de garder le rythme le plus ordinaire qui soit… mais cela ne saurait faire illusion. Tout a changé. 

 

Tous, nous avons vécu un carême différent et il est sans doute temps de mesurer l’écart entre notre carême décidé et résolu, devenu imaginaire, et notre carême accueilli et consenti devenu le réel, celui  du quotidien. 

Il n’est pas certain que cela soit au détriment de notre relation à Dieu, bien au contraire : sans doute celle-ci s’ajuste-t-elle différemment, au gré de jours que nous n’avons pas choisi de vivre. 

 

Mais tous, nous allons désormais entrer dans la belle et grande Semaine Sainte avec tout cela : pour exposer toute notre vie, ce qui la constitue de grand et de misères à l’amour sans limite de notre Seigneur. 

 

samedi, mars 21 2020

Mots d’espérance même si c’est de nuit

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            Je ne sais pas vous, mais moi j’aime bien prier la nuit : plutôt le soir – n’étant pas du matin ! – ou même l’hiver, les laudes, quand le jour peine à se lever. La prière nocturne a une saveur d’intimité, une profondeur de réalité : quand tout est sombre, il s’agit de tourner notre cœur vers Celui qui est le soleil levant. 

 

            J’aime alors le silence qui règne et, parfois, je murmure les mots que je dis à Dieu : mots doux ou mots rugueux des intentions parfois lourdes, le tout à déposer devant Lui, dans la foi, l’espérance et la charité. 

 

            Ce murmure priant, intime, c’est celui qui se généralise aujourd’hui en temps de confinement : le silence règne et la nuit est là même de jour pour nombre de nos frères et sœurs, la nuit est là pour l’humanité. 

 

            Chacune de nos prières devient alors murmure d’espérance. Comme dans l’évangile du jour, un simple murmure de Celui qui se sait se reconnaît pécheur mais qui veut porter le monde dans une prière d’espérance, pauvre attendant tout du Seigneur, même si c’est de nuit. 

 

 

mercredi, mars 18 2020

Affaire d'équilibre

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Premier jour de confinement officiel, on se dit que ça va et, en même temps, qu'il faudra tenir tout cela dans la durée. Convient-il d'avoir un horaire rituélique peut-être de l'ordre d'une routine ou au contraire de laisser les heures s'étirer selon l'envie ? Entre rigidité extrême sans respiration et laisser-aller baba cool, il y a de la place pour nombre de nuances mais aussi pour nombre de déséquilibres.  

Aussi me suis-je fait un petit document façon journal avec un tableau et les 8 catégories qu'il me semblait important d'honorer au fil d'un confinement:  

Vie spirituelle - nourriture intellectuelle - Bien-être physique - lien à l'autre - travail ordinaire - tâche d'intérieur - émerveillement - divertissement

Il ne s'agit pas de cases à cocher au quotidien, ce qui n'aurait aucun intérêt sinon de s'auto-flageller si on ne coche pas tout, mais plutôt de préciser dans la case comment j'ai vécu - ou pas - cette dimension. Le cas échéant, si une colonne reste vide plusieurs jours de suite, elle sera peut-être à réinvestir davantage. 

Peut-être ce document pourra-t-il être utile à d'autres, aussi je vous le partage par ici >> "Pour un confinement épanoui" 

 

dimanche, mars 8 2020

Up and down de la transfiguration

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« Écoutez-le ! » 

Trop souvent, Seigneur, 

Je ne suis pas assez à l’écoute de Ta Parole, 

Ou tout au moins, est-ce que j’ai envie, 

Toujours, de venir à Ta parole comme une source ? 

De lire et d’écouter Ta Parole comme un lieu où, vraiment, Te rencontrer ? 

 

« Il est bon que nous soyons ici ! » 

Trop souvent, Seigneur, 

Quand je suis avec Toi et que ça fait des papillons dans mon cœur – entendons-nous bien, c’est loin d’être toujours le cas – 

Bref, quand je prie avec bonheur, avec amour ou même simplement dans une aride mais, je le crois, féconde fidélité, 

J’ai envie de demeurer là, 

Dans ma bulle, loin des tracas du monde. 

 

« En descendant de la montagne », 

Trop souvent, Seigneur, 

Je ne suis pas assez prompte à témoigner de Toi, 

Ou peut-être bien rêvassant de cet ailleurs où Tu te trouverais, plus, mieux, pleinement ? 

Dans un ailleurs de hauteur où Tu surplomberais nos misères, 

Alors que c’est aussi dans la plaine que je peux Te rencontrer, 

Alors que c’est vers la plaine que Tu marches avec moi, 

Alors que c’est vers toutes les misères, tous les drames du monde que Tu te trouves et que Tu veux marcher, aussi, à travers moi. 

 

Tout le mouvement de notre vie chrétienne est dans ce va-et-vient permanent entre la montée de la montagne vers la Rencontre et la descente de celle-ci, aussi vers la Rencontre sous une autre modalité. 

Car Tu es présent, je le crois, aux sommets lumineux, 

Comme dans les vallées parfois moins éclairées quand surgit un nuage, 

Comme dans tous ces creux de nos vies qui sont parfois des gouffres sombres et noirs où, souvent, nous osons moins rapidement descendre ; 

Seigneur, donne-moi de savoir vivre toujours selon cette double dynamique : vers Toi, pour me ressourcer ; vers mes frères pour témoigner de Toi, avec mes frères pour vivre de Toi ; 

Cette simple dynamique du chrétien qui marche vers la Rencontre où le pousse l’Esprit. 

 

Evangile du jour

lundi, mars 2 2020

Et si le pire germe n'était pas celui du virus ?

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            Sans aller jusqu’aux noms d’oiseaux, on ne peut pas dire que le coronavirus laisse la cathosphère en paix : des règles d’hygiène aux complotismes les plus fous, il y a de quoi s’instruire, de quoi sourire mais aussi de quoi être largement agacé. 

 

            Plus qu’un nouveau virus, il semble que le Diviseur a largement versé ses ferments les plus puissants :

Comme s’il était impossible d’être pour les mesures sanitaires et pour le respect de l’eucharistie (et comme si cela dépendait vraiment d’une posture ou de l’autre) ;

Comme s’il était impossible d’être pour garder les églises ouvertes tout en reconnaissant qu’il faut prendre le maximum de précautions ;

Comme s'il était impossible d'être pour nos frères et soeurs les plus fragiles et d'être pour nous tourner vers Dieu ; 

Comme s’il était impossible d’être pour prier tout en étant pour appliquer les règles fixées par l’État (tout en sachant reconnaître l’absurdité de certaines concernant tel cas et pas tel autre : les églises ne sont évidemment pas plus dangereuses qu’un match de foot ou qu’un ciné ! Il faut le dire, dans la vérité ! D’ailleurs, nous, on purifie tout à l’encens et zou !) parce que nous, chrétiens, sommes aussi des citoyens.  

 

            Je suis fille de dentistes, j’ai grandi dans un univers à connotation médicale où, pourtant, nous n’allions chez le médecin que quand il fallait vraiment mais où la médecine et ses précautions n’ont jamais été mal vues mais au contraire, ont toujours été considérées comme un bon moyen. Alors, je suis inquiète de l’angélisme de certains de mes frères et sœurs chrétiens : pourquoi ne pas prendre ces moyens que le Seigneur nous donne ? Il me semble qu’il y a presque là quelque chose de l’ordre d’une tentation : « Seigneur, montre-nous que Tu es Dieu, dussions-nous mourir ». 

 

Mais, surtout, encore plus que tout cela, il y a urgence à arrêter de nous opposer entre ceux qui seraient purs et durs et ceux qui seraient faibles et mous ; il y a à commencer à nous tenir dans une même prière que ce soit, ou non, dans le même lieu et dans une même unité : sans peur mais en confiant au Seigneur tous les souffrants, tous les soignants et aussi toute la peur réelle autour d’une épidémie qui pourrait dépasser non sans doute la mortalité mais bien toucher les plus fragiles tout en débordant les possibles de nos hôpitaux déjà impossiblement bondés. 

 

Car il faut tenir, je crois, l’un et l’autre, la dimension verticale et la dimension horizontale ensemble, ce qui est somme toute assez logique dans une religion dont la croix est l’un des symboles. Je me rappelle d’une expression qui m’avait marquée d’une des dernières homélies de messe chrismale de Mgr Daucourt sur le fait que les chrétiens sont « des réalistes donnant le primat à la grâce ». Il me semble que là est la clef et que le discernement des attitudes à tenir se trouve à ce point crucial, justement, entre primat de la grâce et réalisme de nos vies et de notre pays. 

 

 

dimanche, janvier 26 2020

Le dimanche de la Parole de Dieu ? Aussitôt !

 

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« Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent. » 

(Evangile IIIème dimanche du T.O., année A – dimanche de la Parole de Dieu)

 

« Aussitôt » : quelle promptitude impressionnante ! Le lecteur de l’évangile selon saint Marc est habitué aux nombreux « et aussitôt » qui scandent l’évangile ; ils sont moins nombreux chez Matthieu que nous lisons en cette année A mais, pourtant, ils disent aussi, me semble-t-il, quelque chose de l’ordre d’une réalité forte pour chacun de nous. 

 

Pourquoi ? Pour nous dire que le changement de vie, c’est maintenant ? Oui et non. Il est facile de se dire : oui, eh bien, ils étaient déjà super disposés à accueillir la Parole du Sauveur, ils étaient du style juifs formés à 300%, attendant de pied et de barque fermes le Messie : rien à voir avec nous. Peut-être. Mais c’étaient de pauvres pêcheurs, sans doute de pauvres pécheurs : en cela, ils avaient tout à voir avec nous. 

 

Le « aussitôt » n’est pas tant dans l’action, il est de l’ordre de notre disponibilité à accueillir Sa parole vivante qui nous est adressée. Cette disponibilité consiste surtout à disposer notre cœur pour L’écouter, à conserver notre cœur suffisamment libre et non pas encombré sous les diverses idoles, de toutes sortes, que nous formons et qui embroussaillent notre vie : préoccupations, addictions, tiédeurs, bref, tout ce qui empêche d’aimer en retenant captif notre cœur. Alors, « aussitôt », la Parole tombe non dans le vide, non comme un coup dans l'eau faisant d’inutiles cercles, mais bien dans un cœur, vivant lui aussi, apte à répondre. 

 

Ce qui est en jeu, ce n’est pas alors de laisser notre barque et notre père, mais de Le suivre : c’est accepter d’entrer dans cet itinéraire surprenant de suite du Christ. Les apôtres, dans cette péricope, n’ont pas atteint une fin mais bien un début de compagnonnage fécond : c’est le même qui nous est proposé chaque fois que nous ouvrons la Bible, « aussitôt » que nous lisons la Parole de Dieu. 

 

Comme le titrait en effet le frère François Cassingena-Trevedy dans un court traité sur la lectio divina, tout change « quand la Parole prend feu ». Quand notre cœur est libre pour écouter, la Bible n’est pas un texte mort, le livre sacré d’une religion du livre, mais s’emplit des paroles savoureuses de Celui qui est vivant et qui nous aime, des paroles amoureuses qui transforment, « aussitôt » et à chaque fois à nouveau, notre existence en profondeur. 

 

mercredi, janvier 1 2020

Bonne année 2020 !

Ici aussi, à chacun, je souhaite une belle année 2020 : qu'elle resplendisse de Sa lumière ! 

 

 

 

dimanche, décembre 29 2019

Sainte famille 2019

 

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Sainte famille… loin des représentations sirupeuses, Marie et Joseph ont connu bien des tribulations avec ce petit bout d’homme qui était déjà complètement Dieu : annonciation(s) d’inattendu, naissance galère pas du tout dans la super maternité qui fait rêver tout le monde avec accompagnement de la maman et du papa mais plutôt la version système D, fuite en Égypte façon exil politique pour éviter que l’enfant soit massacré, retour peu rassuré et discret, perte de l’enfant au Temple et tout ce qui se passe après ses 30 ans et puis, plus largement, tout ce qui n’est pas raconté dans les Évangiles et qui fait pourtant la vie d’une famille, en ombres et en lumières, en creux et en bosses. 

 

‘« Ta mère et tes frères sont là dehors, qui veulent te voir. » Il leur répondit : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. »’ (Lc 8, 20-21) Comme Il l’affirme ainsi, la Sainte famille, c’est aussi l’Église, c’est-à-dire nous, à mesure que nous écoutons Sa Parole et que nous la mettons en pratique. La Sainte famille, ce n’est pas du tout plat, du tout cuit, du tout réussi : la Sainte famille a connu des tribulations, l’Église en connaît parce que l’écoute et la mise en pratique de Sa Parole, cela ne se vit jamais sans résistance. Mais c’est en devenant toujours davantage Sa Sainte famille, à l’écoute du Verbe fait chair que nous apprendrons à placer Sa Sainte famille et toutes nos familles sous le seul signe de ce qu’est le véritable Amour. 

 

 

jeudi, mai 30 2019

Ascension ou le Kairos qui débloque

 

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            Je ne sais pas vous mais, moi, à l’Ascension, j’ai toujours l’impression de quelque chose de discordant. Paf, Jésus part et, paf, on doit attendre 10 jours encore l’Esprit Saint : c’est embarrassant au possible, on ne sait pas bien où se mettre, on ne sait pas trop comment prier. Vous me direz qu’on commémore, certes, mais l’année liturgique nous est aussi donnée pour accompagner Jésus afin de mieux, nous-mêmes, Le suivre et je suis très liturgico-sensible sur ce plan-là. 

 

            Alors, on le suit au ciel ? C’est ce qui est promis… mais en espérance. Il y a là quelque chose d’un kairos,[1]d’un moment favorable qui gratte, qui dissone, qui discorde. 

 

            Ce qui est bien à l’Ascension, c’est qu’on assume pleinement l’embarras dans les textes liturgiques : la première lecture des Actes des Apôtres nous offre le laps de temps de manière claire et pas l’évangile qui montre Jésus accompagnant pleinement ses disciples jusqu’à la fin et, simplement, leur faisant une promesse et ne cessant en même temps de les bénir : « Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon père a promis ». 

 

            Il s’agit d’entrer dans le kairos de la promesse : si nous avons choisi à qui nous fier, il n’y a plus qu’à croire à Sa promesse. Il n’y a plus à regarder le ciel, il y a à retourner où nous sommes et à vivre dans Sa bénédiction. 

 

L’Esprit est la promesse de Dieu : nous avons dix jours offerts pour grandir dans la foi. Dix jours pour mieux faire confiance et vivre, simplement, de et dans cette bénédiction de Dieu. Dix jours pour, alors, être revêtus de la dunamis, de la force de Dieu qui nous poussera hors de nos villes et de nos temples, hors de nos habitudes, hors de nos routines pour témoigner de Lui. 

 

 

 

P.S. : Désolée du peu de mises à jour récentes de ce blog mais le mélange travail + voyage scolaire + études fut particulièrement prenant du côté de mon cerveau ces dernières semaines. J’ai pourtant pas mal de choses à y dire, voire à en dire ! 

 

[1]Petit dieu du moment favorable à ne pas laisser échapper dans la mythologie. 

mardi, avril 16 2019

Elle demeure tandis que le monde tourne ou brûle

Cette Semaine Sainte, je savais déjà qu’elle allait être spéciale avec le contexte ecclésial qu’est le nôtre. Je me disais et je me dis toujours qu’on a bien besoin de la lumière de Pâques ! 

 

Et là, ce soir, autre choc : un choc spirituel, un choc culturel, un choc personnel aussi. 

Notre-Dame en feu… 

Vaisseau de pierres, certes, mais porté, édifié, façonné par la prière des croyants au long des âges ; 

Cœur de Paris un peu cœur de notre pays, aussi.

Et pour moi, tant d’heures passées lors de mes études sorbonnardes à l’arpenter, à l’admirer, à l’aimer, 

Tant de messes matutinales, la première, celle du matin, à l’ouverture, à moitié dans la pénombre, qui te permettait d’être à l’heure en cours ensuite et d’offices de vêpres comme volés avant de rentrer chez moi. 

 

J’ai été touchée de voir cette première photo de l’intérieur sur Twitter 

 

 

 

Comme une envie de dire avec les Chartreux : 

Stat crux dum volvitur orbis

Image saisissante de la croix qui demeure

De l’autel qui est le lieu où le Christ continue à se donner à nous… 

J’ai foi de croire que dans ce vaisseau d’église, 

J’ai foi à croire que, dans notre vaisseau Église, 

la résurrection se fera, au sein même des ténèbres de toutes les nuits, lumineusement, joyeusement et intensément rayonnante. 

 

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